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« Les actions sans le risque »

Publié le vendredi 13 septembre 2002
Interviews

Sommes-nous dans une situation de « double dip », de rechute brutale après le rebond du premier trimestre ?

Non. Je ne crois ni à la crise de 1929 ni à un scénario à la japonaise mais plutôt à une situation proche des années 1990-1993. Avec des plus et des moins. Côté plus : la bonne tenue de la consommation, stimulée par des revenus en progression, les taux d’intérêt au plus bas depuis cinquante ans, ce qui compense la dette croissante des ménages ; et surtout l’immobilier qui continue à bien se tenir. Côté moins, la crise des télécoms et l’endettement extravagant de certains grands groupes industriels. Comme le consensus, je ne crois pas à une reprise rapide mais elle sera progressive en 2003, significative en 2004.

Comment expliquez-vous que les marchés européens aient chuté davantage que la Bourse américaine ?

L’Amérique a une vitalité bien supérieure à celle de l’Europe et reste la seule locomotive potentielle de l’économie mondiale. Et, si la création de l’euro est un formidable succès, l’Europe n’existe ni politiquement ni économiquement. L’harmonisation des politiques budgétaires et fiscales est une urgence. D’autre part, depuis vingt ans, l’Europe continentale, et en particulier la France, n’a pas eu le courage d’entreprendre les réformes nécessaires : rétablissement de l’équilibre des finances publiques, baisse des prélèvements obligatoires, financement des retraites et des systèmes de santé, flexibilité du travail. Enfin, l’Europe investit peu dans les technologies, moteur de la croissance de demain. Donc, la croissance européenne sera durablement inférieure à celle des États-Unis.

Dans un tel contexte de volatilité des marchés, quels conseils donneriez-vous aux épargnants ?

D’être investis en actions, sélectivement et prudemment. Certes les indices peuvent encore baisser, mais nombre d’actions, de rendement par exemple, ont progressé depuis deux ans. Après avoir tant attendu, on n’a pas le droit de rater la hausse qui peut être de grande ampleur. Les produits garantis permettent d’investir en actions sans risque de perte. Comme disait Schumpeter, une voiture peut aller d’autant plus vite qu’elle a de meilleurs freins. Certains fonds alternatifs offrent une rémunération intéressante quelle que soit l’évolution du marché. Enfin, en période de crise boursière, le non-coté est particulièrement stimulant et la semaine prochaine, la Compagnie financière Edmond de Rothschild lance de nouveaux fonds non cotés.

Quelle conséquence peut avoir sur les marchés financiers le déclenchement de la guerre avec l’Irak ?

Les bourses peuvent brutalement chuter mais elles remonteront aussitôt. Le conflit est déjà intégré dans les cours de bourse et du pétrole : l’Irak ne fournit que 4 % de la demande globale. D’ailleurs, en 1990-1993, ce n’est pas la guerre du Golfe qui a provoqué la récession économique et la morosité des marchés.

Propos recueillis par Laurence Allard pour Le Figaro