Faire de l’Internet hors de la bulle
Publié le lundi 10 juillet 2000Le résultat net de votre entreprise a plus que doublé l’an dernier. Comment l’expliquez-vous ?
La conjoncture est parfaitement adaptée à nos métiers, qui sont la gestion d’actifs pour les institutions et pour les particuliers, et le conseil aux entreprises, notamment en fusions-acquisitions. Si nous marchons bien, c’est parce que nous faisons de la haute couture, du sur-mesure : avec nos 400 collaborateurs, nous ne cherchons pas à être gros, ni à copier ce que savent parfaitement faire les gros. Fin 1999, nous avons multiplié notre résultat par 2,5. Et, sur le premier semestre 2000, on a une progression des deux tiers par rapport à l’an dernier.
Quel est l’avenir de votre compagnie dans un contexte de forte concentration des acteurs, où se créent des « mastodontes » ?
La concentration des acteurs est notre vraie chance, car on ne peut pas faire de la haute couture dans des usines : on peut y faire de la confection, pas de la haute couture.
La vague des fusions-acquisitions n’est-elle pas en train de retomber ?
Nous n’assistons pas du tout à un tel phénomène. Notre métier est un métier de niche. Ce que nous avons choisi de faire, ce n’est pas Elf-TotalFina ou BNP-Paribas, mais des opérations concernant plutôt des grosses PME : des opérations plutôt en milliards de francs qu’en centaines de milliards. Dans ce domaine, nous ne constatons aucun ralentissement, bien au contraire. Pourquoi ? Parce que ces grosses PME, à l’ère Internet, ressentent le besoin de devenir globales. Et que, pour devenir globales, elles vont plus vite en achetant d’autres entreprises.
Vous connaissez bien le secteur des télécommunications. Quel est votre sentiment sur les procédures d’attribution des licences UMTS ? Préférez-vous les enchères à la britannique ou l’attribution sur dossier à la française ?
En général, j’ai plutôt tendance à faire confiance au marché, et à considérer que les mécanismes d’enchères sont assez convenables. Mais, et c’est sans doute pour cela que les choses ont été faites de façon un peu plus organisées en France, je trouve que les prix qui ont été payés en Angleterre sont débiles, complètement fous.
En ce qui concerne la nouvelle économie, partagez-vous l’analyse selon laquelle une bulle s’est constituée, et que des faillites vont suivre ?
Oui, il y a une bulle, avec des valorisations boursières déraisonnables pour certaines entreprises cotées de la nouvelle économie. Mais vous avez aussi des entreprises avec un vrai projet, un vrai management, une vraie valeur ajoutée et de vraies perspectives bénéficiaires. On peut faire de l’Internet hors de la bulle, et je crois que cet Internet-là a de très beaux jours devant lui
Propos recueillis par Le Figaro Magazine