Retour

Les atouts des vieux du futur

Publié le vendredi 27 octobre 1989
Portrait

Il fait bon vivre avec Michel Cicurel. Il prend le contrepied de la maladie infantile de la société moderne française : la sinistrose.

Dans son premier livre, « La France, quand même », il bataillait déjà contre les « longues figures », en soulignant les atouts de notre pays. Aujourd’hui, il s’en prend à ceux qui lisent la décadence des nations riches dans la dégringolade des courbes démographiques. Provocation ? Salubre en tout cas, car elle force à regarder de beaucoup plus près  » la raison des effets  » comme dirait Pascal.

La thèse de notre auteur est simple. Les quadragénaires d’aujourd’hui, fruits du baby-boom, ne seront pas dans vingt ans des acteurs économiques « hors d’usage » comme au début du siècle. C’est une « génération cheap MLB jerseys inoxydable » qui s’avance, rendue plus forte cheap mlb jerseys par les progrès de la médecine, la montée du niveau de vie, l’entrainement au combat qu’elle a suivi pour se faire une place au soleil, les habitudes de consommation…

Déficit de la population active ? Il ne faut pas oublier que celle-ci « respire » : on l’a bien vu dans les années 40, avec le sursaut de la natalité, l’arrivée plus importante des femmes et des immigrés sur le marché du travail. Demain, ce sont les chômeurs, de nouveaux immigrés et, l’on y pense moins, le rajeunissement des équipements qui répondront à la demande.

Mobilisé sur tous les fronts

Une demande qui ne faiblira pas car le marché du troisième âge sera beaucoup plus porteur qu’on ne le pense, comme l’avait prouvé aussi le sociologue Henri Mendras, cette génération gardant une accoutumance à la société de consommation et dépensant davantage pour sa santé. Nos ainés auront-ils les yeux plus gros que le ventre ? On constate en fait que le revenu par tête est, en moyenne, plus élevé chez les inactifs (qui ont moins de charges) et que leur patrimoine est beaucoup plus important que celui des jeunes.

L’anémie collective est donc peu plausible. Mais la neurasthénie ? Elle pourrait s’alimenter à une sorte de guerre des âges pour le partage des richesses, à une dictature sénile ou à ce que Michel Cicurel appelle le « streen », « mélange douloureux du stress des jeunes adultes piétinant aux portes du succès et du spleen des sexagénaires crânant pour masquer la mélancolie d’un combat d’arrière-garde ».

Le pessimisme n’a pas le monopole du réalisme. 2010 Les scénarios noirs reposent sur un postulat commun : le vieillissement démographique serait synonyme de vieillissement des mentalités. Fausse évidence car l’âge – sauf aux extrêmes – ne se traduit pas par un déclin et, de plus, les nations « n’ont pas d’âge », car il ne faut mêler sous le même vocable de vieillissement un problème de quantité (plus de vieux) et de qualité (des plus vieux).

En fait, note Michel Cicurel, le troisième âge risque fort d’être mobilisé sur tous les fronts : demande de renfort de la part des entreprises, demande de débouchés de la société de consommation, demande de travail déguisé de la société domestique délaissé par les femmes, demande des ménages déstabilisés par l’évolution des mœurs, de la jeunesse qui restaure les aspirations familiales. Ce troisième âge, qu’on pas pronostiquait anorexique, wholesale NFL jerseys pourrait être au contraire saisi par le démon wholesale NFL jerseys de midi. Prospective d’autant moins saugrenue que la génération des « quadras » d’aujourd’hui est une cuvée singulière qui a tenu le changement pour positif et non plus la stabilité.

Mais attention Another : « Le laisser-faire ne réglera pas tout, il faudra aussi du savoir-faire. » L’inversion de la pyramide des âges devra modifier le mécanisme des institutions existantes, faute de quoi elles éclateront. Du côté de l’État providence, il n’est plus besoin de faire un dessin : il a le dos au mur du fait de l’augmentation inéluctable des dépenses de retraite et de santé. Pour notre auteur, la réforme des systèmes de solidarité passe donc par le développement des comptes de retraite individuels.

Michel Cicurel a bien conscience qu’au-delà des premières décennies du vingt et unième siècle, si les taux de natalité restent aussi bas dans le monde occidental, l’horizon de nos civilisations s’assombrira. Mais, sans jouer les autruches, il lui déplait de partir de là pour porter des jugements sur l’avenir de sa génération.

Prévoir le pire ?

Aucun démographe n’a jamais pu ni prévoir ni expliquer wholesale MLB jerseys les variables de la fécondité en hausse (pourquoi 1942 ?) ou en baisse (pourquoi 1965 ?). Alors, inutile de prévoir le pire. On peut aussi bien espérer un sursaut  » nataliste  » des comportements.

A l’inverse – et l’on chicanera un peu Michel Cicurel sur ce point, – qui peut dire que cet appétit de changement incessant qui « féconde » les économies d’aujourd’hui se perpétuera très longtemps ? La fuite en avant pour tenir debout, le « cyclopédisme », ne finira-t-il pas par lasser ? Le vélo économique est peut-être moins inoxydable que la génération de notre auteur. On lui saura gré en tout multimedia cas d’avoir ouvert avec maestria des voies nouvelles à notre réflexion. Michel Cicurel a non seulement des idées percutantes, il sait les traduire dans une langue de très grand cru.

Écrit par Pierre Drouin pour Le Monde