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Nous pouvons et nous devons rester seuls

Publié le samedi 21 juillet 2007
Interviews

Les branches anglaises et françaises de Rothschild ont décidé de se rapprocher. Pourquoi le groupe Edmond de Rothschild reste-t-il à l’écart de ce mouvement ?

Edmond de Rothschild a créé après-guerre les deux têtes du groupe qui porte son nom, la Banque Privée à Genève, La Compagnie Financière à Paris. Depuis la mort de son père, il y a dix ans, Benjamin de Rothschild dirige le groupe avec des résultats remarquables : implanté dans une trentaine de pays sur les cinq continents, la Maison Edmond de Rothschild gère plus de 100 milliards d’euros d’actifs et pèse 3,5 milliards d’euros, dont 85 % détenus par l’actionnaire familial.

Notre groupe est principalement reconnu pour sa gestion d’actifs et sa gestion privée. Le groupe présidé par Éric et admirablement dirigé par David de Rothschild a bâti sa renommée sur la banque d’affaires. Chacun est présent de façon très honorable dans le métier de l’autre. Et chacun fortifie la réputation des Rothschild. On ne voit pas bien ce qu’un rapprochement des deux lignées de la branche française pourrait ajouter au succès des deux.

Quels sont les liens entre les deux groupes et ont-ils vocation à se développer ?

Les liens familiaux s’accompagnent de participations mutuelles un peu plus que symboliques et de présence aux conseils des deux groupes. Mais les deux maisons peuvent aussi s’unir pour des ambitions passionnantes, tel le rapprochement récent de la Siaci et des Assurances Saint-Honoré, qui donne naissance à un magnifique groupe de courtage d’assurances français.

Le groupe Edmond de Rothschild peut-il assurer son avenir en restant seul ?

Depuis dix ans, le groupe de Benjamin de Rothschild se développe au rythme de 20 % par an, sans le moindre recours à la croissance externe. Les métiers du groupe, la gestion et le conseil, exigent peu de fonds propres et beaucoup de talent. Pour attirer des talents, mieux vaut la taille humaine que le gigantisme. Laurence Danon, qui rejoint notre équipe de banque d’affaires, l’a fait notamment sur ce critère. Les concurrents que nous redoutons sont plus petits que nous, et non plus gros. Nous cherchons inlassablement à grandir sans changer de taille ; à garder l’agilité, la créativité, la proximité du client, l’aptitude au sur-mesure caractéristiques des maisons familiales. Notre jeune président nous rappelle sans cesse à notre culture de start-up. Nous ne souhaitons être ni le premier gérant d’actifs, ni la première banque privée, mais simplement de première qualité. Bref, nous voulons avoir tout d’une petite ! À cette condition, et seulement à cette condition, oui nous pouvons et devons rester seul.

Propos recueillis par Bertille Bayart pour Le Figaro