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Le pire n’est pas toujours sûr

Publié le dimanche 1 février 2009
Interviews

Face à la crise, une sorte de conjuration mélancolique se ligue pour annoncer à fin du monde ou celle d’un monde… Nous vivons la première crise globale, combattue sérieusement par la première gouvernance mondiale… Toute ressemblance avec des événements connus serait purement fortuite ». C’est en ces termes que Michel Cicurel, président du directoire de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild a résumé la situation actuelle, alors que les effets dévastateurs de la bourrasque financière perdurent.

Pour autant, en termes prudents, l’orateur a refusé de rejoindre le vol des oiseaux de mauvais augure qui coassent ces derniers temps haut et fort. “Apocalypse no !” a-t-il titré l’intervention faite devant la presse en présentant le bilan des activités de son groupe en 2008.

Mais surtout il a avancé au cours de son intervention quelques pistes de réflexion de simple bon sens :

Ne pas invoquer à la légère la « refondation du capitalisme ».

Et de trancher : « Il est illusoire et dangereux de prétendre, en édictant des règles avec plus d’États, refonder le capitalisme, pour que cela ne se reproduise plus jamais… Le despotisme éclairé ne prémunit nullement contre les crises ». Et de plaider, une fois constatée la reprise économique qui s’accompagnera immanquablement d’une forte hausse des énergies fossiles, de refaire « une croissance intelligente, qualitative, moins artificielle et plus soucieuse de l’environnement », croissance qui sera porteuse d’avenir.

N’écarter aucun pronostic, même celui d’une convalescence rapide.

Et de préciser : « Il n’est pas interdit de croire que le point d’inflexion de la crise se situera vers l’été 2009… Sous réserve qu’aucun incident financier systémique ne vienne interrompre la convalescence espérée, la véritable reprise économique ne peut se produire qu’aux États-Unis, qui représentent un quart de l’économie mondiale, et dans la majorité des pays émergents pour un autre quart… L’avenir comme le passé récent sera propulsé par le couple inséparable de la locomotive sino-américaine, celle qui a généré cinq années de croissance mondiale à 5 %… »

N’enterrer aucune classe d’actifs ayant fait ses preuves avant la crise.

Pour le président du directoire de La Compagnie Financière, « toutes les classes actives disloquées en dix-huit mois retrouveront leur place sans aucune exception. Parce que toutes remplissent une fonction bien précise dans un système financier dont le rôle est d’organiser la rencontre entre demandeurs et apporteurs de capitaux. Et parce que la crise a rendu plus importante encore la diversification des actifs dans un monde aussi imprévisible que dangereux ».

Cultiver la performance dans la durée.

Citant le baron Benjamin, Président du groupe Edmond de Rothschild, Michel Cicurel a expliqué : « Le taux d’intérêt est le prix de l’effort, de l’investissement, du risque, et, plus que tout, du temps. La spéculation des débuts du XXI° siècle s’est nourrie des abus de tous les squatters du crédit qui, à la faveur de l’inondation de liquidités, ont obtenu l’argent sans en payer le loyer. Lorsque le temps n’a plus de prix, la folie s’empare du monde ».

La Compagnie Edmond de Rothschild Banque a été bien entendu frappée par la crise. Ses encours sous gestion ont reculé de 23,5 % pour s’établir à 22,6 Mds€.

Mais ce recul est le fait du marché essentiellement. En effet, les sorties nettes de capitaux gérés n’ont représenté que 2 % des actifs sous gestion à fin 2007. À noter que la banque privée, si elle a reculé de 10 % (actifs gérés ou conseillés : environ 9 Mds€) a enregistré une collecte brute supérieure à 2 Mds€. Précisons en outre que la gestion d’actifs a été très affectée par la forte baisse des marchés financiers avec un recul de 27 % environ sur l’année 2008 (encours de 19 Mds€).

Article publié dans L’As Patrimonial