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La lutte contre l’islamisme radical exige aussi de redresser notre économie

Publié le mardi 8 décembre 2015
Tribunes

Ce n’est nullement un hasard si Daech a choisi de frapper la France. Il n’y a que deux vrais piliers du monde libre : les Etats-Unis et la France. A l’Ouest, notre pays demeure, avec les Américains, la seule puissance nucléaire opérationnelle, et il conserve son influence internationale, parce qu’il en a le goût, et que le monde le reconnaît comme tel, malgré le déclin de nos forces économiques – et politiques, car n’est pas de Gaulle qui veut ! Il est vital que la France garde sa place, car les Etats-Unis ne s’intéressent pas à l’Afrique, dont la population va doubler rapidement à deux milliards. Le Moyen-Orient les concerne moins depuis qu’ils sont autonomes en énergies fossiles. Pour que la France tienne son rang, il y a deux conditions : le redressement économique, et le renforcement du couple franco-allemand. Ces sujets vitaux devraient se trouver au cœur du débat politique en France, et c’est bien loin d’être le cas.

 

Au contraire, une sorte de danse du ventre des responsables politiques s’organise autour du talent de communication des illusionnistes du Front National qui n’apportent pourtant aucune réponse aux maux de notre pays.  Il se trouve que les jeunes n’ayant connu que le chômage et la crise se retrouvent en masse au FN, et, de même les jeunes fils d’immigrés rejettent la France où ils sont nés alors que leurs parents l’aiment et la respectent. La crise économique dans les années trente avait transformé le peuple allemand, infiniment civilisé, en complice plus ou moins conscient de la barbarie nazie. En sens inverse, l’Allemagne d’aujourd’hui, certes parce qu’elle ne fait pas d’enfants, mais aussi parce que son économie est prospère, se montre bien plus accueillante à l’égard de l’immigration musulmane. Le retour à la croissance, bien plus que les débats sans fin sur la défense de l’identité française, sont la garantie de la paix civile et de l’unité nationale, toutes confessions confondues, face aux barbares de l’Islam radical.

 

C’est pourquoi le redressement économique est le cœur du débat politique, la seule vraie ligne de partage entre la gauche et la droite. Certes la gauche, à mi-mandat, fait mine de ne plus rouler systématiquement en sens interdit, mais on ne peut guère l’accuser d’excès de vitesse ! Tant mieux si les idées se rejoignent, mais tant que les mots ne deviendront pas des actes, beaucoup de Français se réfugieront dans les braillements des marabouts populistes. Or la droite républicaine ne convainc pas. Elle se livre à une surenchère de propositions libérales sur la déréglementation, le code du travail, les dépenses publiques, les impôts, tout cela sans un véritable mode d’emploi. Ce qui entame aujourd’hui la crédibilité de l’opposition républicaine, c’est l’absence d’un discours de la méthode.

 

Le ressort de la méthode, c’est le besoin de France pour l’Europe et le monde. Faire appel à l’indulgence européenne pour défalquer de nos déficits excessifs les dépenses de sécurité, nécessaires à tous pour contenir le terrorisme, est juste dans l’intention mais faible dans la méthode. Il faut proposer à l’Allemagne un véritable pacte global, de stabilité et de sécurité. Notre voisin sait parfaitement que sans la France, l’Europe et l’euro meurent. La France doit établir un plan de redressement de son économie et de ses comptes à moyen terme, qui soit acceptable parce que crédible, comme l’Allemagne après sa réunification.

Pour fortifier l’Europe, il faut que l’Allemagne fasse crédit de sa rigueur comptable et la France de son influence. Après le choc mondial provoqué par les carnages de Paris, le moment est venu d’une grande alliance franco-allemande face à la barbarie, comme celle qui avait suivie la défaite de l’Allemagne nazie.